Marché mondial du GNL : l’encombrante intrusion du gaz non conventionnel.
Le gaz non conventionnel va représenter environ 25% de la production mondiale en 2020. Le développement par les Etats-Unis d'une nouvelle technologie dans la production gazière, qui permet d'optimiser l'extraction au maximum des gisements gaziers dans ce pays, a contribué à l'augmentation de l'offre sur le marché. Le développement de ces technologies pour l'extraction du gaz non conventionnel, appelé aussi schiste gaz, par des pays réputés être des grands importateurs de gaz tels que la Chine, l'Inde ou les pays européens pourrait créer une grande concurrence sur le marché gazier.
Cette donnée a bouleversé les caractéristiques du marché mondial du gaz.
Le prix du gaz a été divisé par dix, par vingt dernièrement, ce qui n’est pas viable pour les pays producteurs. Le prix devrait être de 8 ou 9 dollars et actuellement, il existe un surplus sur le marché mondial du gaz qui a été gonflé par la baisse des importations américaines, vu que les Etats-Unis produisent du gaz non conventionnel. L’année 2008 a été historique puisque les cours du pétrole ont connu une hausse à près de 147 dollars le baril en juillet et une baisse à 32 dollars le baril en décembre à cause de la crise économique mondiale. Les Etats-Unis ont mis en œuvre une politique de stabilisation qui vise à éliminer la volatilité et la spéculation à grande échelle. C’est ce qui explique une certaine stabilité des cours du pétrole actuellement entre 70 et 80 dollars le baril.
Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie, le Japonais Nobuo Tanaka, a évoqué la mise en place, avec l’Opep, d’un calendrier d’action dans la déclaration ministérielle finale. Le 19 avril 2010, dans la matinée, les prix du pétrole étaient à 82,92 dollars le baril à New York et à 81,77 dollars à Londres.
Si les prix du pétrole sont « bons », comme l’ont déclaré plusieurs ministres des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, le marché du gaz a été ébranlé par le développement de l’exploitation des réserves de gaz conventionnel aux Etats-Unis. L’Algérie estime que le prix actuel du pétrole brut, autour de 80 dollars, convient au marché et semble être accepté pour une période de six mois ou même une année. Mais le prix du gaz naturel à 4 dollars sur le marché spot n’est pas viable pour les producteurs. Peut-on penser que la montée en puissance du gaz non conventionnel est une chose bonne et mauvaise en même temps pour l’Algérie ? Un pays mono exportateur par excellence des hydrocarbures.
Indexation des prix du marché spot du gaz sur ceux du pétrole
Les onze membres du Forum des Pays exportateurs de gaz (FPEG) se sont entendus, lundi 19 avril 2010à Oran, à l’issue de la réunion de la dixième session ministérielle, d’indexer les prix du gaz sur celui du pétrole sur le marché spot (court terme).
« Nous voulons arriver à la parité du prix du gaz et la parité du prix du pétrole dans un délais qui n’a pas encore été fixé. Cela va évoluer en fonction des conditions de chaque pays et des quantités de gaz qu’il vend sur le marché à long terme et sur le marché spot », a déclaré, à la fin des travaux, Chakib Khelil, ministre algérien de l’Energie et des Mines.
« Si ces contrats sont indexés sur le prix de référence sur le marché spot, ils seront convertis en des contrats indexés sur les prix du pétrole », a-t-il ajouté.
Pour sa part, Sergei Shmatko, ministre de l’Energie russe, a souligné que les membres du FPEG vont travailler ensemble pour atteindre cet objectif. D’après lui, les pays producteurs devraient éviter que le gaz vendu sur le marché à long terme et le marché spot soit en concurrence. « L’important est d’assurer la stabilité des prix », a-t-il dit.
Toute fois, Chakib Khelil, n’a pas caché la difficulté de réaliser un consensus. “Nous avons aujourd’hui une vue à long terme. Nous soutenons les efforts de garantir la sécurité énergétique à travers l’interaction entre les investissements croisés et les échanges technologiques sans barrière non justifiées », a-t-il lancé reprenant la déclaration finale.
Le gaz naturel non conventionnel : une opportunité pour les consommateurs et une menace pour les prix.
Contrairement au pétrole, le gaz consommé en Amérique du Nord provient quasi-exclusivement de la production locale. En 2008, 77% du gaz provenait des USA et 22% du Canada et seulement 1% d’importation en GNL. De ce gaz consommé, plus de la moitié de la production domestique (soit 300 milliards de mètres cubes en 2008 et 40 milliards de plus qu’en 2007) provenaient des gaz non conventionnels. Cette augmentation correspond à 50% de la production canadienne et équivaut à la production totale de gaz de la Grande-Bretagne. Et l’avenir est des plus prometteurs pour ce type de gaz : les réserves prouvées sont estimées à 3600 milliards de mètres cubes et ont permis de plus que doubler l’estimation des ressources disponibles en Amérique du Nord, à 85 000 milliards de mètres cubes. Elles devraient représenter, selon l’AIE, 60% de la production américaine en 2030 et 15% de la production mondiale.
Dans le monde, l’AIE estime les réserves globales de gaz non conventionnels à 921 000 milliards de mètres cubes, soit plus de 5 fois les réserves prouvées de gaz naturel conventionnel. Le potentiel pour l’Europe est estimé à 14 000 milliards de mètres cubes, comparé aux 168 000 milliards de mètres cubes pour l’Amérique du Nord et aux 112 000 milliards de mètres cubes pour la Chine. Certains analystes avancent qu’il y en aurait beaucoup plus. En même temps que l’Europe, les compagnies s’intéressent également à la Chine, qui s’est fixé comme objectif de produire 30 milliards de mètres cubes par an de gaz non conventionnel, soit l’équivalent de la moitié de la demande de 2008.
Le prix du gaz naturel est un facteur déterminant dans la mise en exploitation du gaz non conventionnel. Les compagnies ne publient pas leurs seuils de rentabilité, mais on constate que les forages diminuent quand le prix du gaz passe sous la barre des 5 US$/MBtu.
Ainsi, la courbe de la baisse du nombre de forages suit celle de la baisse des prix. En septembre 2008, quand le prix du Henry Hub était d’environ 8 US$/MBtu, le nombre de forages réalisés était de 1 600, en juillet 2009, avec un prix de 4 US$/MBtu, le nombre de forages a baissé à 600. Il faut signaler que cette chute des prix, ainsi que du nombre de forages n’ont pas eu d’impact sur le niveau de production qui est demeuré stable. Ce qui laisse supposer que les coûts marginaux de production ont également baissé. Certains analystes avancent que le prix d’équilibre des gaz de schistes aux USA se situe entre 4 US$/ MBtu pour le Marcellus et 8 US$/ MBtu pour le Barnett West.
D’une durée maximale de 6 ans des gisements de gaz non conventionnels (année 1 : 65% ; année 2 : 53% ; année 3 : 23% …année 6 : 17%) obligent les compagnies à maintenir une importante activité de forage et de mise en service de nouveaux puits pour maintenir le niveau de production. Il est prévu d’ici 2013, le forage de 30 000 puits pour un coût de 150 milliards de US. Il faut rappeler que durant les 40 dernières années, plus d’un million de puits ont été forés. Ce qui s’est passé ces dernières années aux Etats-Unis avec le développement du gaz non conventionnel, on peut le qualifier de véritable révolution silencieuse dont les implications en Amérique du Nord et dans le reste du monde sont considérables.
La menace de surproduction de gaz qui se profile pourrait avoir des effets importants sur la structure des marchés gaziers et la formation des prix du gaz en Europe et dans la région Asie-Pacifique. Les pays producteurs doivent prendre cette réalité comme une menace réelle pour le devenir de leur industrie gazière. L’Algérie n’est pas à l’abri d’un retournement des prix qui peut menacer les exportations actuelles et fausser tous les calculs basés sur une croissance mondiale soutenue permettant ainsi une meilleure perspective de l’évolution des prix sur le marché mondial.